Début décembre, l’administration Biden a annoncé de nouvelles mesures pour encadrer les exportations de technologies d’intelligence artificielle (IA) avancées. Ces régulations visent à limiter l’accès de certains pays, notamment la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord, à des composants clés comme les puces d’IA et les GPU (Graphical Processing Units). Cette stratégie s’inscrit dans une volonté de préserver les intérêts stratégiques et économiques des États-Unis.
Depuis 2022, les États-Unis imposent progressivement des restrictions sur les exportations de ces technologies. Les dernières mesures introduisent des conditions encore plus strictes pour l’octroi de licences, notamment pour les partenaires commerciaux stratégiques.
Objectifs et portée de la réglementation
Blocage ciblé des exportations
Les nouvelles régulations prévoient une interdiction stricte des exportations vers des pays jugés sensibles. Les préoccupations concernant l’utilisation de ces technologies à des fins militaires ou de surveillance motivent cette décision. L’administration américaine souhaite éviter que ces pays n’acquièrent une capacité technologique susceptible de nuire à sa sécurité nationale.
Maintien des échanges avec les alliés
Les pays alliés des États-Unis, tels que la France, l’Allemagne et le Japon, peuvent continuer à importer ces technologies sous certaines conditions. Des statuts spécifiques ont été créés pour différencier les niveaux d’accès :
- Universal Verified End User (UVEU) : Accès flexible pour les besoins en IA des entreprises situées dans les pays alliés, avec des restrictions sur la capacité de calcul utilisée dans des pays tiers.
- National Verified End User (NVEU) : Autorisation d’achats limités à 320 000 GPU avancés sur deux ans, avec des obligations de sécurité renforcées.
Ces dispositions visent à encadrer la diffusion tout en préservant les relations stratégiques.
Exceptions pour les petites commandes
Les universités, institutions médicales et centres de recherche évitent les nouvelles régulations si leur capacité de calcul reste sous 1 700 GPU.Cette mesure permet de soutenir les activités de recherche non-liées à des enjeux stratégiques.
Encadrement des modèles avancés
Les poids de modèles d’IA fermés seront soumis à un contrôle rigoureux. Seules des entités vérifiées pourront y accéder, et des standards de sécurité élevés encadreront leur stockage et utilisation.
Enjeux pour l’économie et l’innovation
Ces mesures suscitent des réactions variées au sein du secteur technologique. Certains acteurs expriment des inquiétudes quant à l’impact potentiel sur l’innovation mondiale. Des figures clés, comme le vice-président des affaires gouvernementales chez NVIDIA, alertent sur les conséquences économiques et concurrentielles. Elles considèrent que le partage des technologies, plutôt que leur restriction, pourrait être une approche plus productive.
Perspectives futures
La mise en application de cette réglementation pourrait commencer d’ici 120 jours. Cependant, des incertitudes subsistent quant à la continuité de ces politiques sous l’administration suivante. Le débat reste ouvert sur l’équilibre à trouver entre protection des intérêts nationaux et encouragement de la coopération internationale dans le domaine de l’IA.