Le rapprochement entre Siemens et Altair n’est pas une simple annonce corporate. Il traduit une ambition : donner à l’Europe une position plus affirmée dans l’intelligence artificielle industrielle. Derrière les communiqués, une question revient : cette alliance va-t-elle vraiment changer la donne pour les usines européennes ?
Plus qu’un empilage logiciel IA
Depuis plus de vingt ans, Siemens ne se limite plus aux automates. Le groupe investit dans le logiciel pour accompagner la transformation numérique de l’industrie. Avec Altair, reconnu pour ses outils de simulation et sa plateforme RapidMiner, l’objectif n’est pas d’ajouter une couche technologique supplémentaire, mais de créer une chaîne numérique cohérente, de la conception jusqu’à la production. Un signal fort : l’Europe ne veut plus laisser le terrain libre aux géants américains ou asiatiques.
Des expertises IA qui se complètent
L’accord repose sur de vraies complémentarités. Altair excelle dans la simulation mécanique, électromagnétique et procédés ; Siemens domine la simulation système et la mécanique des fluides. Ensemble, ils couvrent la majorité des besoins d’ingénierie numérique. Mais pour convaincre les industriels, il faudra prouver que ces solutions ne resteront pas des modules juxtaposés. L’interopérabilité, la simplicité d’usage et la valeur ajoutée concrète seront les vrais juges de paix.
L’IA industrielle passe de la théorie au terrain
C’est probablement le volet le plus stratégique. Les automates Siemens génèrent des milliards de données chaque jour. Altair, via RapidMiner, sait transformer ces données en modèles prédictifs. L’ambition est claire : faire passer l’IA du laboratoire à l’atelier. Une IA capable d’apprendre en temps réel, de réduire les arrêts non planifiés et d’améliorer la sécurité des opérateurs. Autrement dit, une IA qui produit des résultats mesurables et pas seulement des promesses.
Un partenariat aussi géopolitique qu’industriel
Dans le contexte de l’IA Act et des débats sur la souveraineté numérique, Siemens joue sa carte européenne. L’intégration d’Altair, longtemps perçu comme un acteur américain, pourrait renforcer cette crédibilité. Mais cette dimension politique ne portera ses fruits que si l’alliance propose une alternative réellement compétitive face aux solutions américaines et asiatiques.
Une fenêtre IA d’opportunité à saisir
Contrairement au marché grand public, déjà verrouillé, l’IA industrielle reste ouverte. L’Europe possède un tissu industriel solide et une expertise scientifique reconnue. Ce partenariat pourrait devenir un levier majeur. Mais les industriels seront attentifs : ils veulent des résultats concrets, pas seulement des annonces ambitieuses. Les prochains mois diront si Siemens et Altair réussissent à transformer l’essai ou si ce rapprochement s’ajoutera à la liste des partenariats sans suite.