La Banque des Territoires a sélectionné douze territoires français pour développer des projets d’intelligence artificielle (IA) frugale. Ce concept émergent vise à utiliser des technologies d’IA tout en minimisant leur impact environnemental, contribuant ainsi à la transition écologique. Ces territoires ont été choisis pour tester et déployer des solutions novatrices qui combinent intelligence artificielle et sobriété énergétique, une démarche clé dans la lutte contre le changement climatique.
Qu’est-ce que l’IA frugale ?
L’intelligence artificielle, bien qu’elle soit un outil puissant, soulève des préoccupations en matière de consommation énergétique et de ressources. En 2023, les émissions de CO2 de Google ont augmenté de 40 % par rapport à 2019, principalement à cause du développement de l’IA. Face à cela, le concept d’IA frugale se développe, promouvant une approche plus responsable. Il s’agit de créer des algorithmes et des systèmes d’IA en limitant les ressources nécessaires à leur fonctionnement, qu’il s’agisse de la collecte de données, de la puissance de calcul ou de la consommation d’énergie. L’objectif est de rendre ces technologies plus durables tout en conservant leur efficacité.
Les projets soutenus par la Banque des Territoires visent à explorer comment l’IA peut être utilisée pour aider à réduire l’empreinte carbone et à promouvoir des pratiques plus respectueuses de l’environnement dans les collectivités territoriales.
Des projets innovants au cœur des territoires
Les douze territoires sélectionnés se concentrent sur des applications concrètes et variées de l’IA frugale. Parmi les projets, on retrouve des initiatives visant à optimiser la gestion des ressources naturelles, la réduction des émissions de CO2, ou encore la préservation de la biodiversité.
Par exemple, à Lyon, le projet IA.rbre utilise l’intelligence artificielle pour aider à la végétalisation des espaces urbains. L’objectif est de modéliser les espaces verts et de proposer des solutions pour augmenter leur couverture végétale, contribuant ainsi à l’amélioration de la qualité de l’air et à la réduction des îlots de chaleur en ville.
D’autres initiatives, comme PREVIZO, se concentrent sur la gestion des ressources en eau. Dans un contexte où le stress hydrique devient une préoccupation majeure, ce projet vise à mieux anticiper et gérer les besoins en eau, notamment pour l’agriculture, tout en tenant compte des changements climatiques.
En Occitanie, le projet PEP-BIOccIA met l’accent sur la biodiversité. Grâce à des techniques d’IA, ce projet cartographie les zones à haute valeur écologique afin de mieux les protéger et de planifier leur gestion à long terme.
Un engagement européen pour une IA durable
La démarche française en matière d’IA frugale ne se limite pas à une initiative nationale. À travers ces projets pilotes, la France ambitionne de faire de l’IA frugale une référence à l’échelle européenne. Ce mouvement est en partie soutenu par l’Ecolab, un laboratoire d’innovation dédié à la transition écologique. L’objectif est d’élaborer un cadre commun pour promouvoir une utilisation durable des technologies numériques et des intelligences artificielles, tant dans la phase de conception que dans leur utilisation au quotidien.
L’Europe, confrontée à des défis climatiques majeurs, pourrait ainsi adopter ce modèle pour développer des systèmes IA performants, mais peu énergivores, qui respectent les objectifs du Pacte vert pour l’Europe et les accords climatiques internationaux.
IA frugale : un levier pour la transformation numérique des territoires
Au-delà de la seule efficacité écologique, ces projets démontrent que l’IA frugale peut également jouer un rôle clé dans la transformation numérique des territoires. En rationalisant l’utilisation des ressources numériques, ces initiatives permettent aux collectivités locales d’optimiser leurs infrastructures et leurs politiques publiques de manière plus durable. Cela passe notamment par la gestion intelligente des données, la création de plateformes de suivi en temps réel ou encore le développement d’outils d’aide à la décision basés sur des algorithmes moins énergivores.
Ces innovations technologiques offrent aux collectivités un levier d’action puissant pour répondre aux défis environnementaux tout en accélérant leur transition vers une économie numérique plus verte.
Conclusion
Le déploiement de l’IA frugale dans les douze territoires sélectionnés par la Banque des Territoires représente une avancée significative vers un modèle d’intelligence artificielle plus respectueux de l’environnement. Ces projets, variés dans leurs applications, démontrent que l’IA peut être à la fois un outil d’innovation technologique et un levier pour soutenir des politiques publiques écologiquement responsables. À terme, l’IA frugale pourrait devenir une norme non seulement en France, mais à l’échelle européenne, contribuant ainsi à une utilisation plus durable des technologies au service de la transition écologique.