Le gouvernement britannique a récemment lancé un chatbot basé sur la technologie GPT-4o d’OpenAI, destiné à aider les entreprises à naviguer sur le site Web Gov.UK, connu pour ses 700 000 pages de contenu réglementaire. Ce développement s’inscrit dans un mouvement plus large de l’intégration de l’intelligence artificielle(IA) dans le domaine juridique, visant à automatiser et simplifier l’accès aux réglementations. Ce chatbot vise à simplifier l’accès aux informations administratives, mais il présente certaines limitations notables. Actuellement en phase expérimentale, il est testé par 15 000 utilisateurs professionnels avant un déploiement plus large prévu l’année prochaine.
Un chatbot limité par des hallucinations
Le chatbot Gov.UK est conçu pour assister les utilisateurs dans leur exploration des réglementations gouvernementales, allant des règles de construction aux incitations pour l’installation de panneaux solaires. Toutefois, comme la plupart des systèmes d’IA, le chatbot reconnaît lui-même sa principale faiblesse : le phénomène des « hallucinations« . Ce terme désigne la tendance de ces outils à produire des informations incorrectes ou inventées, tout en les présentant de manière convaincante.
Pour minimiser ce risque, le système conseille aux utilisateurs de vérifier les liens vers le site officiel, proposés dans ses réponses. Les responsables gouvernementaux ont souligné que des améliorations ont été apportées pour éviter les erreurs flagrantes ou les réponses inappropriées. Cependant, des hallucinations moins graves persistent, comme des liens incorrects ou des réponses imprécises.
Des essais sous contrôle
Lors de la démonstration aux journalistes, les responsables gouvernementaux ont illustré l’utilité du chatbot pour expliquer certaines réglementations spécifiques. Par exemple, il a pu fournir des détails sur les règles de revêtement des immeubles de grande hauteur, mais a refusé de répondre aux questions sur les conclusions de l’enquête publique concernant un incendie, montrant ainsi les limites imposées par sa programmation.
Le système a également été testé sur des sujets sensibles tels que la légalisation du cannabis au Royaume-Uni. Sur ce point, le chatbot s’est abstenu de fournir une opinion ou des prédictions, réitérant sa fonction d’information sans prise de position. Pour certaines requêtes, comme les questions sur le régime fiscal des sociétés, les réponses se sont révélées incomplètes, probablement à cause d’une formation insuffisante sur certains documents spécifiques du gouvernement.
Des garde-fous pour éviter les dérives
Les développeurs ont intégré des « garde-fous » pour garantir une utilisation sécurisée du chatbot et empêcher toute réponse à des requêtes illégales, la divulgation d’informations sensibles ou la prise de position politique. En collaboration avec l’AI Safety Institute du gouvernement, les développeurs ont également ajouté des protections visant à limiter les tentatives de manipulation du système par des utilisateurs malveillants. Malgré ces précautions, le risque de défaillances ne peut être complètement écarté.
Peter Kyle, secrétaire d’État à la Science et à la Technologie, a souligné le potentiel de cette technologie pour améliorer les services publics grâce à l’IA, tout en garantissant un usage sécurisé et responsable. Il a mis en avant l’importance de réduire les processus administratifs complexes qui prennent beaucoup de temps aux citoyens. Actuellement, un adulte britannique passe environ une semaine et demie par an à effectuer des démarches administratives. Le gouvernement espère changer cette situation en expérimentant de nouvelles technologies telles que ce chatbot.
Vers une amélioration continue
Le lancement du chatbot GPT-4o s’inscrit dans une démarche plus large visant à moderniser l’administration britannique. Bien qu’il soit encore loin d’être parfait, cet outil montre des promesses quant à sa capacité à simplifier l’accès à l’information réglementaire. Le gouvernement se concentre sur l’amélioration continue en prenant en compte les retours des utilisateurs professionnels qui participent actuellement aux essais. Le gouvernement français pourrait également envisager une démarche similaire, car l’accès aux informations administratives reste souvent complexe et chronophage, malgré les initiatives récentes de modernisation numérique.
Si l’outil parvient à réduire les frustrations des citoyens face aux démarches administratives, il pourrait devenir un exemple concret de la manière dont l’IA peut transformer les services publics. Pour l’instant, le gouvernement reste prudent quant à ses capacités et ses limites, préférant une approche progressive et sécurisée pour intégrer l’IA au service des citoyens.