L’année 2025 confirme la tendance aux investissements massifs dans le secteur de l’intelligence artificielle. OpenAI vient d’annoncer ce lundi une levée de fonds colossale de 40 milliards de dollars, propulsant sa valorisation à 300 milliards de dollars – presque le double de sa valeur lors de sa précédente opération financière. En effet, la société avait atteint une valorisation de 157 milliards de dollars lors de sa levée de 6,6 milliards de dollars réalisée en octobre dernier.
Cette nouvelle opération financière, menée principalement par le conglomérat japonais SoftBank et soutenue par Microsoft, Coatue Management et Thrive Capital, se déroulera en deux phases. Un premier versement de 10 milliards de dollars interviendra dès avril, tandis que les 30 milliards restants seront conditionnés à un changement majeur : OpenAI devra abandonner son statut actuel pour devenir une entreprise à but lucratif d’ici décembre 2025. Si cette condition n’est pas respectée au début 2026, SoftBank a prévenu que la seconde tranche serait limitée à 10 milliards de dollars – une façon évidente de mettre la pression sur Sam Altman, PDG d’OpenAI.
Des pertes considérables à l’horizon
Cette évolution potentielle vers un modèle commercial traditionnel marquerait un tournant pour cette entreprise fondée en 2015 comme organisation à but non lucratif, mais dont les pratiques ont été critiquées pour leur manque de transparence ces dernières années. En signe d’ouverture, OpenAI a toutefois annoncé lundi son intention de révéler partiellement l’architecture d’un nouveau modèle d’IA générative.
Cet apport financier arrive à point nommé pour OpenAI, qui fait face à des difficultés économiques majeures. La société a enregistré plus de 5 milliards de dollars de pertes en 2024, pour seulement 3,7 milliards de revenus sur la même période. Selon des documents internes, les pertes pourraient atteindre 14 milliards de dollars d’ici 2026, et la rentabilité n’est pas envisagée avant 2029.
Une stratégie d’OpenAI inspirée d’Uber ?
Cette trajectoire financière évoque celle d’Uber, qui a mis plus de dix ans à devenir rentable, accumulant des pertes considérables pendant cette période – quoique moins importantes que celles prévues par OpenAI. Il est intéressant de noter que SoftBank avait également soutenu massivement Uber à l’époque. Comme le service de VTC qui a bouleversé le marché des taxis, OpenAI semble adopter une stratégie d’investissements massifs pour dominer le marché et faire de ChatGPT un service incontournable dans l’écosystème de l’IA générative.
Pendant ce temps, d’autres acteurs comme Mistral AI tentent de concurrencer OpenAI avec des moyens nettement inférieurs. La startup française dirigée par Arthur Mensch, figure marquante du Sommet pour l’Action sur l’IA, n’a levé que 600 millions d’euros lors de son dernier tour de table, pour une valorisation de 5,8 milliards d’euros – un écart considérable qui illustre les disparités du marché.