L’essor de l’intelligence artificielle (IA) générative facilite la production de fausses informations, susceptibles d’affecter les comportements financiers des particuliers et des entreprises. Selon une étude britannique, ces campagnes malveillantes, amplifiées par les médias sociaux, représentent un risque croissant pour la stabilité du secteur bancaire. La capacité des établissements financiers à anticiper et réagir face à ces nouvelles menaces devient un enjeu stratégique.
Comment l’IA amplifie les rumeurs et les crises bancaires ?
Les plateformes numériques permettent aujourd’hui une diffusion instantanée des informations, qu’elles soient fondées ou non. Certains contenus créés par l’IA suggèrent à tort que des banques rencontrent des difficultés, incitant ainsi les clients à retirer massivement leurs fonds. Des publications sponsorisées ou des mèmes viraux peuvent accentuer ces tendances, déclenchant des mouvements de panique.
Un précédent marquant a été l’effondrement de la Silicon Valley Bank en 2023. Les échanges sur les réseaux sociaux ont accéléré les retraits. En 24 heures, 42 milliards de dollars ont été retirés, entraînant une crise de liquidité. Face à cela, le Conseil de stabilité financière du G20 alerte sur l’impact de l’IA générative. Cette technologie pourrait amplifier les crises financières soudaines.
Clients bancaires et panique financière : quel rôle pour l’IA ?
Une étude de Say No to Disinfo et Fenimore Harper révèle la vulnérabilité des clients bancaires face à la désinformation. Face à des contenus falsifiés par l’IA, un tiers des participants se disent prêts à transférer immédiatement leurs fonds. Environ 27 % envisagent aussi cette possibilité.
Les chercheurs estiment qu’une campagne de désinformation ciblée, financée à hauteur de 10 livres sterling en publicité numérique, pourrait entraîner le déplacement de près d’un million de livres de dépôts. Cette corrélation illustre l’ampleur du phénomène et son impact potentiel sur la solidité des institutions financières.
Banques et régulateurs : comment contrer la désinformation par l’IA ?
Les établissements bancaires doivent renforcer leur capacité de surveillance afin d’identifier rapidement la propagation de fausses informations. Surveiller les médias sociaux et détecter les fausses informations rapidement sont des solutions clés. Ces systèmes permettent d’atténuer les risques avant qu’ils ne deviennent incontrôlables.
Certaines fintechs, comme Revolut, ont déjà adopté des stratégies de suivi en temps réel des tendances émergentes affectant leurs clients. Selon leur direction de la conformité financière, cette approche permet d’anticiper les crises potentielles et d’adopter une réponse adaptée. Cependant, ces efforts nécessitent également une coopération renforcée avec les plateformes de diffusion d’informations.
Contactées sur ce sujet, plusieurs institutions financières ont préféré ne pas commenter les conclusions de l’étude. De leur côté, les organismes de régulation continuent d’évaluer l’impact de l’IA sur le secteur bancaire. L’organisation UK Finance souligne que les banques cherchent activement à équilibrer les opportunités offertes par l’IA avec la nécessité d’en limiter les risques.
IA et secteur bancaire : anticiper les défis de demain
L’IA transforme profondément les dynamiques économiques et bancaires. Si elle représente un levier d’innovation, elle impose également aux acteurs du secteur une adaptation rapide face aux menaces émergentes. La mise en place de stratégies de contrôle et de sensibilisation sera déterminante dans les années à venir pour préserver la confiance du public et la stabilité des marchés financiers.